« Libre et sauvage » glisse le renard au lapin…
Dans le bestiaire de notre récit, après l’histoire de notre renard-mascotte, voici celle du lapin de La Fausse Suivante.
Un jour de répétition, nous imaginons avec mon équipe qu’au début de l’Acte III, le personnage d’Arlequin, plus à l’aise avec les animaux qu’avec les humains, faute de mots, partagerait son désespoir avec un lapin. Nous avons alors pensé au lapin capturé au collet par le braconnier Marceau dans La Règle du jeu, film mythique de Jean Renoir.
Il a été question tout d’abord de dresser un vrai lapin, hypothèse rapidement abandonnée, craignant que notre Jeannot ne raffole pas de jouer la comédie et ne se sauve dans la salle… Alors les artisan·ne·s au potentiel d’imagination sans limite se lancent dans la construction d’un vrai-faux lapin, qui devait sortir subrepticement de son terrier recouvert de neige.
Le premier essai ne fut guère concluant : un ballon de baudruche placé dans une peluche, gonflé à distance. Plus faux que vrai, il faut l’admettre : un jouet ! Lors du deuxième essai, le lapin sortait de la scène enneigée, de profil, face à Arlequin. C’était magique. Nous tenions le bon fil mais l’idée en amène une autre : le lapin devait être aussi « cabot » et pouvoir se tourner « face public ». Aussitôt dit aussitôt fait, mes artistes de la matière fabriquent un système ingénieux, savant et simple, qui permet au lapin de tourner sur lui-même… Il devient alors plus vrai que nature.
Le lendemain, c’est le créateur de l’univers sonore qui vient me confier très sérieusement à l’oreille : nous sommes d’accord que le lapin parle avec Arlequin ?… Je réponds oui du tac au tac et me jette dans l’écriture des répliques du lapin, qui répondait en français aux pleurs d’Arlequin. Et l’ingénieur du son se mue soudain en traducteur français-lapin, et après avoir placé un mini haut-parleur invisible, a posé la dernière pierre aux strates d’imaginaires qui composent l’édifice, ludique et pensé, de cette séquence de grâce, drôle et touchante à la fois. Cette attention festive de tous les instants, ce désir de rêver un monde meilleur, dans un écart salutaire avec l’actualité, c’est ce que nous vous proposerons cette nouvelle saison.
Venez découvrir la puissance clownesque de Martin Zimmermann, auréolé du Grand Prix Suisse des arts de la scène 2021, Valère Novarina transcendé par Jean Bellorini, directeur du Théâtre National Populaire fondé par Jean Vilar, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière en post-pandémie, Samuel Beckett illuminé par Alain Françon, monstre sacré de la mise en scène, Jean Renoir le cinéaste mis en théâtre par notre cher Robert Sandoz, patron du Théâtre du Jura ; je vous offrirai mon Alfred de Musset, qui est mon pays, et vous serez éberlué.e.s par la force intemporelle d’Henrik Ibsen que mettra en scène Anne Schwaller, fraîchement nommée à la direction artistique du Théâtre des Osses.
Faites-vous confiance, franchissez la porte, abonnez-vous ! Bienvenue dans l’écrin de la toute-puissance de l’imaginaire : votre Théâtre de Carouge !
Jean Liermier, directeur
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